Atelier: Façonner le raisonnement clinique
Unité 5

Évaluation du raisonnement clinique
Unité 5.1 : Le raisonnement clinique...ça s'observe?

Objectif spécifique

  • Utiliser des outils pour évaluer objectivement le développement du raisonnement clinique.

1. Une mesure objective du raisonnement clinique

Les écrits indiquent que les superviseurs se sentent peu outillés et souvent mal à l'aise pour évaluer le raisonnement clinique des stagiaires. Ils se sentent aussi dépourvus lorsqu'ils doivent proposer aux stagiaires un plan d'amélioration s'ils dépistent des difficultés dans leur raisonnement clinique (Audétat, Laurin et Sanche, 2011).

Le superviseur peut évaluer la capacité de raisonnement clinique du stagiaire quand il lui demande de :

  • Justifier ses actions et ses décisions cliniques.
  • Répondre aux différentes questions associées aux divers modèles de raisonnement clinique.
  • Dresser la liste des questions qu'il s'est posées pour faire son raisonnement clinique.
  • Faire une carte conceptuelle.

Néanmoins, le raisonnement clinique demeure difficile à évaluer, puisqu'il s'agit d'une activité de la pensée plutôt abstraite (Higgs et al., 2008).

Higgs et al. (2008) proposent une démarche pour aider le superviseur à structurer son intervention. Voici quelques étapes de cette démarche :

  • Déterminer d'abord que le processus de raisonnement clinique du stagiaire présente une lacune.
  • Recueillir des données sur la difficulté (des faits) par diverses stratégies (questionnement, histoire de cas, carte conceptuelle, etc.).
  • Cerner la difficulté.
  • Chercher les causes (manque de connaissances, manque de capacité à faire des liens, etc.).
  • Élaborer un plan d'intervention.

Par ailleurs, on ne peut évaluer le raisonnement clinique d'un stagiaire en se fondant sur une seule situation et encore moins sur de simples observations. Il faut évaluer de multiples situations à l'aide de diverses stratégies pour se faire une idée juste de son raisonnement (Charlin, Bordage et van der Vleuten, 2003 ; Higgs et al., 2008). Cette évaluation se poursuit tout au long du stage. Cependant, il est avantageux de cerner rapidement ce type de lacune afin de permettre au stagiaire d'y remédier.

Des difficultés de raisonnement clinique peuvent être présentes à différentes étapes de l'application des modèles de raisonnement clinique.

2. Activité : Des difficultés éventuelles

Tentez de discerner les difficultés éventuelles pouvant se présenter à chaque étape de l'application du modèle hypothético-déductif proposé dans l'activité qui suit.


Consultez nos réponses

Ne priorise pas les données clés, éprouve de la difficulté à générer plus d'une hypothèse, manque de connaissances, ne fait pas appel à ses connaissances antérieures.




Consultez nos réponses

Difficulté à faire des liens, pas d'image globale du patient, difficulté à justifier ses choix.




Consultez nos réponses

Biais de la conclusion prématurée, difficulté à prioriser les hypothèses, difficulté à faire des liens.




Consultez nos réponses

Pas de vision globale du patient, difficulté à justifier ses choix.



Afin d'évaluer objectivement le raisonnement clinique d'un stagiaire, il est conseillé de recourir à une grille d'observation qui s'intéresse à ses trois composantes : les connaissances, la cognition et la métacognition.

Pour voir la grille d'observation que nous proposons, veuillez consulter cette version imprimable : Grille d'observation du raisonnement clinique (.pdf, 73 Ko).

3. D'autres difficultés à tenir en compte

Les écrits (Norman et Eva, Graber et al. et Malterud, cités par Audétat, Laurin et Sanche, 2011) évoquent d'autres facteurs, dont nous n'avons pas encore discuté, lesquels permettent d'expliquer ce pourquoi les stagiaires présentent parfois des lacunes sur le plan du raisonnement clinique. En voici un aperçu.

  • L'attitude du stagiaire : Le stagiaire qui a trop confiance en lui, ou à l'inverse trop peu confiance en lui, peut poser moins de questions, ce qui rendra difficile l'évaluation du raisonnement clinique.
  • L'inexpérience du stagiaire : Le stagiaire novice a souvent tendance à adopter une approche rigide, ce qui rend difficile le traitement des données au fur et à mesure.
  • La gestion de l'entrevue : Le jeune stagiaire qui éprouve des difficultés à poser des questions et à obtenir suffisamment de données pertinentes auprès de son patient aura plus de difficulté dans son processus de raisonnement clinique.
  • Des lacunes en communication : Le stagiaire qui établit plus difficilement une relation de confiance avec son patient ne sera pas en mesure de recueillir les informations qui pourraient parfois être déterminantes pour l'élaboration des hypothèses.

En prenant conscience des facteurs qui influencent le processus de raisonnement clinique de votre stagiaire, vous serez en mesure de proposer un meilleur plan d'amélioration.