Atelier: Façonner le raisonnement clinique
Unité 4

En connaitre davantage sur le raisonnement clinique
Unité 4.1 : Autres méthodes pour développer le raisonnement clinique

Objectifs spécifiques

  • Classer les différentes stratégies selon leur rôle.
  • Différencier la pratique réflexive de la métacognition.

1. De nombreuses stratégies

Deux principes intéressants favorisent le développement du raisonnement clinique chez le stagiaire :

  • Nous avons déjà mentionné qu'il est d'abord nécessaire d'augmenter ses connaissances sur les concepts et modèles de raisonnement clinique, car il sera plus facile de façonner son raisonnement clinique s'il connait bien ces notions.
  • Il faut savoir que le processus qui a mené à élucider le problème est plus important que la réponse finale (College of Family Physicians of Canada, 2010), car le stagiaire peut très bien trouver une bonne réponse sans avoir un raisonnement adéquat.

Nous avons déjà présenté divers moyens pour façonner le raisonnement clinique chez le stagiaire. Il existe d'autres stratégies pouvant favoriser le développement du raisonnement clinique (Audétat et Laurin, 2010a ; Audétat et Laurin, 2010b ; Hendrick et al., 2009 ; La mutuelle de la santé et du social, 2010 ; Papp et Wolpaw, 2008). En voici quelques-unes :

  1. Recréer l'intervention : Demander au stagiaire de justifier ou d'expliquer la logique de chacune de ses actions, de préférence peu de temps après l'expérience. L'enregistrement vidéo du stagiaire peut aussi faciliter le processus d'analyse.
  2. Encourager l'utilisation de l'arbre décisionnel : L'arbre décisionnel est un outil facilitant le processus de décision clinique qui ressemble à la carte conceptuelle. On demande au stagiaire d'illustrer la situation clinique sous la forme d'un arbre. L'extrémité de chaque branche illustre les résultats possibles en fonction des différentes décisions pouvant être prises.
  3. Demander au stagiaire de tenir un journal de bord : Lui demander de noter son processus de pensée, ses réflexions et son analyse de la situation vécue. L'écriture permet de prendre un recul sur les événements et de faire une analyse de la situation plus objective et approfondie. Ceci développe le processus de métacognition.
  4. Revoir les dossiers (notes évolutives) : En présence du stagiaire, lui demander d'expliquer son processus logique de pensée, de justifier son analyse et son plan d'intervention.
  5. Utiliser des histoires de cas ou des jeux de rôles : Utiliser ces méthodes réflexives et formatives dans lesquelles le stagiaire analyse un problème concret (réel). Ces stratégies d'encadrement permettent au stagiaire d'être actif dans son apprentissage (Pai et al., 2010). Le stagiaire décortique une situation vécue pour mieux la comprendre et il propose des solutions efficaces pour la résoudre. Le superviseur évalue le processus de raisonnement conjointement avec le stagiaire.
  6. Présenter un cas clinique à des pairs : Demander au stagiaire de présenter un cas clinique en tenant compte de l'ensemble des données pertinentes et de leurs conséquences. Lui demander d'expliciter son raisonnement à chaque étape de la démarche.
  7. Présenter des cas diversifiés : Augmenter progressivement le niveau de complexité des expériences cliniques de sorte que le stagiaire ait à analyser plus de données. Il faut retenir que les cas complexes facilitent le développement du raisonnement clinique.
  8. Amener le stagiaire à prévoir tous les effets possibles d'une intervention : Avant l'intervention, demander à votre stagiaire comment le patient pourrait réagir à son intervention. Encourager verbalement le stagiaire à établir et à justifier un pronostic.
  9. Encourager le stagiaire à répondre à ses propres questions : Aider le stagiaire à trouver les réponses en lui fournissant des pistes à investiguer. Lui laisser le temps de trouver les réponses de façon autonome.
  10. Paraphraser l'information recueillie auprès d'un patient : par exemple, dans le cas où le stagiaire observerait le superviseur, demander au stagiaire d'expliquer en ses propres mots l'évaluation subjective du patient.
  11. Encourager la comparaison des écrits : Demander au stagiaire de vous présenter les similitudes et les différences entre ce qui est rapporté par les différents auteurs (documents, livres, articles scientifiques) au sujet de diverses conditions.
  12. Jouer le rôle de modèle : Procurer un modèle au stagiaire en expliquant le raisonnement sous-jacent à votre démarche lors d'interventions auprès d'un patient.

Consultez la version imprimable : De nombreuses stratégies qui favorisent le raisonnement clinique (.pdf, 82 Ko).

On peut classer ces stratégies sous trois catégories :

  • Entrainement (encadrement pour mieux apprendre) :
    Le superviseur forme le stagiaire à un aspect spécifique du raisonnement clinique en vue de le familiariser avec la démarche et de favoriser un raisonnement clinique juste.
  • Justification (explication de la démarche) :
    Le superviseur peut engager le stagiaire dans des tâches qui exigeront qu'il explicite sa démarche de raisonnement ou qu'il justifie ses décisions cliniques à ses pairs ou à son superviseur.
  • Consolidation (autonomie et responsabilisation) :
    Le superviseur propose au stagiaire des activités pour le responsabiliser et lui permettre de renforcer ses aptitudes de raisonnement clinique de façon autonome. Le superviseur devra déterminer avec le stagiaire s'il revoit ou corrige ces exercices.

(Audétat et Laurin, 2010a ; Audétat et Laurin, 2010b ; Hendrick et al., 2009 ; La mutuelle de la santé et du social, 2010 ; Papp et Wolpaw, 2008 ; Pai et al., 2010)

2. Activité : Trois types de stratégies

Pour en savoir plus, consultez ce document : Trois types de stratégies pour façonner le raisonnement clinique (.pdf, 82 Ko).

3. La pratique réflexive

L'expression pratique réflexive est souvent confondue avec le terme métacognition.

Quand il s'agit d'appliquer le raisonnement clinique, comment faire la distinction entre une activité de métacognition et une pratique réflexive?

Activité

Directives : Observez la prochaine illustration et repérez les différences entre une pratique réflexive et une activité de métacognition.

BD d'une stagiaire qui regarde un grand mirroir. Dans le mirroir, on voit cette même stagiaire nerveusement en train d'appliquer des bandages à sa patiente.

Consultez nos réponses

On voit par cette illustration que le professionnel se pose aussi des questions. Il s'interroge sur ses sentiments et ses actions. Le professionnel cerne ses points forts et ses défis. Cette auto-évaluation fait partie de la pratique réflexive, mais elle ne fait pas partie de la métacognition.

Dans la métacognition, rappelez-vous que l'on s'interroge sur la façon de penser!


La pratique réflexive encourage le professionnel de la santé à faire un retour sur l'expérience qu'il a vécue en évaluant cette dernière. Il se pose des questions sur ses sentiments et ses actions à la suite d'un évènement clinique particulier (Ajjawi et Higgs, 2008 ; Burns, Beauchesne, Ryan-Krause et Sawin, 2006 ; Chaubet, 2010 ; Schön, cité par Atkins et Schutz, 2008). Il s'agit d'une forme d'autoréflexion et d'autoévaluation continue des interventions effectuées auprès du patient.

La pratique réflexive permet :

  • D'apprendre sur ses actions : Est-ce que j'aurais pu mieux faire? Est-ce que je devrais modifier mon approche?
  • De peaufiner ses interventions, d'innover : Existe-t-il d'autres façons d'intervenir pour mieux répondre aux besoins du patient?
  • De travailler sur soi en évaluant sa pratique : Est-ce que je devrais suivre une formation pour accroître mes compétences professionnelles?
  • D'améliorer le raisonnement clinique en verbalisant sa pensée.
  • De se définir comme professionnel : Est-ce que je suis à l'aise dans mon rôle d'ergothérapeute?
  • De faire face à mes responsabilités éthiques : Est-ce que j'ai le sentiment de donner le meilleur de moi-même?

Tout comme le raisonnement clinique, la pratique réflexive nécessite une conscience de soi à titre de clinicien. Cependant, elle ne consiste pas à revoir notre processus de cognition comme l'exige la métacognition.

« La pratique réflexive s'acquiert au gré d'un entraînement intensif et délibéré. »
(Perrenoud, 1998, p.1)

Le superviseur peut aider le stagiaire à développer sa pratique réflexive en lui posant des questions qui exigent un retour sur l'expérience. Il aide le stagiaire à se mettre en question :

  • À quoi pensais-tu pendant l'intervention? D'où te sont venues tes idées?
  • Comment tes sentiments ont-ils influencé ton action ou tes paroles?
  • Que ferais-tu dans une situation semblable si c'était à recommencer?