Atelier: Façonner le raisonnement clinique
Unité 2

Faciliter la prise de conscience du raisonnement clinique : Comment s'y prendre?
Unité 2.1 : Une démarche réflexive par le questionnement

Objectif spécifique

  • Utiliser une démarche de questionnement pour favoriser la prise de conscience du raisonnement clinique.

Vous avez vu que le raisonnement clinique est un processus de réflexion indispensable dans la pratique en soins de santé. C'est pourquoi il est crucial de s'assurer que les stagiaires le développent à leur tour afin qu'ils soient en mesure d'émettre des jugements cliniques éclairés. Toutefois, le raisonnement clinique ne se développe pas facilement. La littérature sur le sujet indique que le stagiaire ne fera pas de liens par lui-même. Par conséquent, le superviseur doit l'aider à y parvenir (Ajjawi et Higgs, 2008).

Le raisonnement clinique étant un processus de pensée qui est non observable, le questionnement s'avère un outil précieux pour le superviseur. À l'aide de la stratégie du questionnement, le professionnel de la santé peut arriver à développer la prise de conscience à l'égard du raisonnement clinique et à l'améliorer.

Le raisonnement clinique du stagiaire gagne à être rendu conscient. Plus vous amenez les stagiaires à prendre conscience de la manière dont ils pensent (autoréflexion), plus il est possible de développer leur raisonnement clinique (Ajjawi et Higgs, 2008).

Certaines questions facilitent la prise de conscience du stagiaire à l'égard des trois composantes du raisonnement clinique.

1. Trois types de questions

Le questionnement est une bonne stratégie pour favoriser et évaluer les liens établis. Trois types de questions peuvent aider le stagiaire à façonner les trois composantes du raisonnement clinique.

Qu'est-ce que tu sais sur le sujet?

Ce premier type de questions permet de dresser un portrait global desconnaissances et des expériences antérieures sur le sujet. Il encourage également le stagiaire à reconnaitre et à évaluer son niveau de connaissances sur la problématique actuelle (le cas).

Comment traites-tu ces informations?

Ce deuxième type de questions exige de prendre conscience des actions utilisées lors du traitement de l'information. Il encourage le stagiaire à développer en toute connaissance de cause son processus de pensée et ce, dans le but de prendre une décision juste. Le traitement des connaissances correspond à la deuxième composante du raisonnement clinique, la cognition.

Comment en es-tu arrivé à cette décision/solution?

Le troisième type de questions permet de faire un retour sur le processus adopté. Le stagiaire doit voir s'il est en mesure de justifier sa décision, autrement dit, s'il utilise la métacognition.

2. Activité : Les trois catégories de question

En tant que superviseur, vous posez déjà des questions à votre stagiaire pour mieux comprendre son raisonnement. Il est intéressant de noter que différentes questions servent à développer des composantes différentes du raisonnement clinique. La prochaine activité vous aidera à les découvrir.

Voyons maintenant chacune des catégories de questions de façon plus détaillée.

3. Qu'est-ce que tu sais sur le sujet?

Silhouette d'une tête de laquelle sort du matériel médical.

La première catégorie de questions permet de dresser un portrait global des connaissances et des expériences antérieures du stagiaire sur le sujet, y compris les données actuelles (Ajjawi et Higgs, 2008). Il faut s'assurer que le stagiaire a recueilli toutes les données pertinentes auprès du patient, au dossier et auprès de la famille selon le cas.

Ces questions rendent le stagiaire conscient de son bagage de connaissances et l'encouragent à reconnaitre et à évaluer son niveau de connaissances sur une problématique. Il ne faut pas oublier que le raisonnement clinique repose sur les connaissances. C'est pourquoi il importe en premier lieu de vérifier le niveau de connaissances de votre stagiaire.

Le superviseur peut utiliser un « inventaire des savoirs » (.pdf, 70 Ko). Cet outil d'autoévaluation détermine les connaissances théoriques du stagiaire par des questions précises, dès le début du stage. Les questions devraient toucher les connaissances théoriques, pratiques et expérientielles, ainsi que les expériences antérieures et les données actuelles sur le patient.

(Bowen, 2006)

4. Comment traites-tu ces informations?

Silhouette d'une tête dans laquelle on retrouve des éléments méchaniques.

Les différentes questions regroupées sous ce deuxième permettent au stagiaire d'accéder à son processus de pensée, de façon structurée. Elles exigent du stagiaire qu'il prenne conscience de la manière dont il catégorise, regroupe, compare et analyse l'information provenant de diverses sources, et ce, dans le but de prendre la bonne décision. Plus précisément, il importe de lui demander explicitement de trouver les similarités et les différences entre diverses situations cliniques (ou problématiques), car les stagiaires ne le font ni automatiquement, ni facilement (Nendaz, Charlin, LeBlanc et Bordage, 2005).

De plus, en lui demandant de résumer la problématique en deux ou trois phrases, on favorise chez le stagiaire une représentation mentale du cas et on stimule sa capacité à intégrer les informations selon les besoins du patient. Cela simplifie la situation dans la tête du stagiaire (Audétat et Laurin, 2010a; Bowen, 2006).

Le stagiaire prend conscience des processus de pensée lorsqu'il utilise ses connaissances (théoriques et expérientielles) et utilise les nouvelles données cliniques du patient.

5. Comment en es-tu arrivé à cette décision / solution?

Silhouette d'une tête dans laquelle on retrouve des flèches.

La troisième catégorie de questions remet en doute la conclusion du stagiaire. Elle permet à celui-ci de faire un retour sur la pertinence des données choisies et de justifier sa décision. Les questions de cette catégorie encouragent le stagiaire à faire un retour sur son processus de décision, autrement dit, de faire de la métacognition.

Le but consiste à chercher les failles dans le raisonnement afin d'y pallier. La carte conceptuelle, qui sera expliquée dans l'unité suivante, peut aider le stagiaire à visualiser son cheminement mental pour arriver à une solution et par conséquent, à voir plus facilement s'il y a des données manquantes ou incohérentes.

Pour une liste de questions favorisant la démarche réflexive, veuillez consulter cette version imprimable : Banque de questions pour développer le raisonnement clinique chez le stagiaire (.pdf, 73 Ko).