Quelles seraient, selon vous, les connaissances et habiletés dont Bernard a besoin pour poursuivre et être plus efficace pour effectuer sa recherche?
Aucun professionnel ne peut se vanter de tout connaître... À l’aide d’une question clinique fondée sur le modèle PICOT, on cherche à délimiter les articles scientifiques trouvés afin d’effectuer une recherche efficace.
Pour rendre sa recherche efficace, Bernard aurait pu commencer à définir le type d’étude qui pouvait le mieux répondre à sa question pour ensuite être en mesure de repérer une base de donnée appropriée. Il importe donc d’avoir des connaissances sur les études quantitatives et qualitatives, sur les devis de recherches et les démarches à effectuer dans les bases de données. C’est ce que vous verrez dans les prochaines sections.
Il existe plusieurs sources de données pour trouver les réponses à vos questions.
Le type de question que vous avez formulé permettra de vous orienter vers les médiums dans lesquels chercher.
Nous allons concentrer nos prochains efforts sur les démarches pour trouver de l’information dans les revues scientifiques, donc dans le cercle bleu :
Vous vous demandez sans doute comment faire pour trouver rapidement votre réponse dans les revues ou journaux scientifiques . Cela paraît ardu, mais voyons des stratégies pour vous faciliter la tâche.
Tout d’abord, en plus des termes inclus dans votre question de recherche, il est utile de préciser le type d’information que vous cherchez. Pour ce faire, il est pertinent de bien connaître quelques termes utilisés en recherche.
Puisque plusieurs sources de données probantes sont publiées en anglais, une connaissance de ces termes en anglais est aussi utile. Vous pourrez à tout moment durant cet atelier consulter le glossaire qui comprend les termes couramment utilisée pour la PFDP dans les deux langues.
Examinons d’abord les similarités et les différences entre une étude dite qualitative et quantitative.
info_outline Consigne : cliquez sur les symboles pour dévoiler les éléments de comparaison.
Prédire des résultats
Comprendre des phénomènes en profondeur
Vérifier des hypothèses formulées dès le début (sauf si l’étude est descriptive)
Les hypothèses apparaissent au cours de la recherche
Recueillir et établir des faits, vérifier une théorie, évaluer l’efficacité d’une intervention, définir une relation entre des variables
Développer une théorie
Prévoir des relations de cause à effet (sauf pour l’étude descriptive)
Saisir la signification pour ceux qui vivent une réalité
Nature objective
Nature subjective
Les connaissances, les dimensions humaines et les phénomènes sont analysés de façon objective et mesurable
Les connaissances sont analysées de façon subjective et se construisent par la réalité de ceux qui la vivent
Nombre de sujets déterminés au départ (taille de l’échantillon connu)
Sélectionnés en fonction de caractéristiques précises;
Le nombre de sujets n’est pas décidé au départ il dépend des données recueillies au fur et à mesure
L’échantillon des sujets est représentatif de la population ciblée
Le nombre est habituellement assez restreint
Structurée
Souple, se modifie au cours de la recherche
S’amorce par une question de recherche
S’amorce par des réflexions, un désir de comprendre, des observations
Les variables sont mesurables ou observables et sont prédéterminées
Le chercheur interprète les données recueillies. Il existe donc une part de subjectivité
Une recension des écrits est nécessaire
Une seule collecte de données est effectuée
La collecte de données initiale donne lieu à l’analyse et à l’interprétation, suivies d’autres collectes de données. Ce processus s’arrête à la saturation des données
Outils de mesure qui tendent vers l’objectivité
Outils qui recueillent des données plus subjectives. Utilise plusieurs approches pour recueillir des données : discussions, entrevues, observations...
L’analyse des données est effectuée à la fin de la recherche
Le chercheur analyse et interprète les données durant les entrevues pour faire ressortir de nouveaux thèmes à analyser
Les résultats se présentent sous forme de chiffres, statistiques
Les résultats sont présentés en format narratif et contiennent des verbatim (extraits des discussions)
Il est possible de généraliser des résultats à plus grande échelle
Cette étude permet difficilement de généraliser les résultats
Les résultats sont souvent utiles sur le plan clinique
Ces deux types de recherches font appel à des devis différents.
info_outline Consigne : tournez la carte pour afficher la réponse.
Un devis décrit les grandes caractéristiques d’une recherche et agit comme un plan pour choisir la méthodologie. Il donne des directives au chercheur en fonction de ce que ce dernier tente de réaliser, par exemple : décrire, comprendre ou prédire un phénomène sont des concepts qui demanderont des devis distincts car l’objectif à atteindre diffère. Le devis correspond donc à certains types d’études.
Il y a plusieurs façons de décrire les divers types de devis. Nous en avons retenu une qui propose trois types de devis de recherche.
info_outline Consignes :
Nous avons déjà indiqué que la façon dont vous formulerez votre question permettra de repérer l’étude dans laquelle vous pourrez trouver la réponse à votre question. Nous allons pour le moment nous attarder à décrire les études qui ont un devis quantitatif.
Nous nous attarderons à sept types d'études quantitatives.
info_outline Consignes :
L’étude de cas témoin est aussi souvent utilisée en épidémiologie pour étudier les facteurs de risque d’une maladie. C’est une étude dans laquelle on sélectionne les sujets en fonction d’une condition. C’est une étude d’observation rétrospective (retour dans le passé) dans laquelle les caractéristiques des personnes atteintes (les cas) sont comparées à celles de sujets indemnes (les témoins).
L’étude de cas témoin :
L’étude de cas témoin :
Consultez un article qui est une étude de cas témoin (.pdf, 108 Ko).
La méta-analyse consiste à recueillir les données obtenues de plusieurs études comparables et à en faire une analyse au moyen d’outils statistiques pour en tirer une conclusion unique. Elle regroupe les études qui essaient de répondre à une même question précise et donc, en ce sens, elle s’apparente à la revue systématique. Ce type d’étude sert à tirer une conclusion globale sur un sujet donné. Parce qu’elle combine les échantillons de plusieurs études en utilisant une méthodologie rigoureuse, le résultat statistique de la méta-analyse produit une estimation plus précise des effets de l’intervention que les résultats provenant d‘études individuelles. Cette démarche est largement utilisée en médecine pour tenter de tirer des conclusions sur des études dans lesquelles les résultats se contredisent.
Lorsqu’il existe plusieurs études pour une question donnée, la méta-analyse :
La méta-analyse :
Consultez un article qui est une méta-analyse (.pdf, 267 Ko).
L’étude de cas ou rapport de cas est utilisé pour décrire un cas intéressant et inhabituel. Le rapport de cas quantitatif démontre habituellement l’évolution de la mesure d’une condition dans le temps. Il inclut souvent des éléments décrivant comment divers évènements ont influencé cette évolution. Si plusieurs cas sont rapportés dans le rapport, on parle d’une série de cas.
L’étude de cas :
L’étude de cas :
L’étude transversale analyse la population donnée à une période donnée. Elle permet de faire une description de la fréquence d’une maladie, de ses facteurs de risque ou d’autres caractéristiques d’une population donnée à un temps déterminé. Elle consiste donc à prendre une « photo » de la population en une seule fois par opposition à l’étude longitudinale, qui prendra plusieurs photos étendues sur une longue période pour observer l’évolution dans le temps.
Elle est pertinente pour établir la prévalence d’une maladie, qui ne demande qu’une information ponctuelle.
L’étude transversale :
L’étude transversale :
Consultez un article qui est une étude transversale publié en 2009 dans PUBMED – BMC Public Health (.pdf, 203 Ko).
L’étude de cohortes est une étude longitudinale dans laquelle des données sont recueillies sur un groupe de personnes à de nombreuses reprises. Ce devis est très utilisé en épidémiologie pour étudier les facteurs de risque de développer une maladie.
C’est une étude dans laquelle les sujets qui présentent des similarités sont sélectionnés en fonction de leur exposition à des facteurs de risque (variable indépendante, par exemple exposition au soleil) pouvant causer une maladie (p. ex. cancer de la peau) ou en fonction de l’administration d’un traitement antérieur. Les sujets sont suivis sur une longue période jusqu’à l’apparition des résultats (maladie) recherchés et comparés en même temps à un groupe de sujets qui n’a jamais été exposé au facteur de risque ou au traitement, afin d’observer un phénomène.
Le groupe de sujets est suivi jusqu’à l’apparition des résultats recherchés.
L’étude de cohortes :
L’étude de cohortes :
Il existe deux types d’études de cohortes :
Dans l’étude prospective, on peut mieux contrôler la qualité des mesures.
Consultez un article qui est une étude de cohortes (prospective) publiée par Oxford University Press au nom de l’International Epidemiological Association dans l’International Journal of Epidemiology en 2005.
Essai clinique : le groupe expérimental, celui qui reçoit l’intervention est comparé au groupe témoin ou contrôle (parfois aucune intervention, mais effet placebo présent si les sujets ne savent pas dans quel groupe ils se situent). Il permet de voir s’il y a réellement un effet entre la variable dépendante et indépendante. Pour être comparés, les deux groupes doivent avoir plusieurs caractéristiques individuelles communes (p. ex. âge, sexe).
Aléatoire (ou randomisé) : les patients sont attribués au hasard à l’un des groupes de sorte à avoir une plus grande similitude des caractéristiques entre les deux groupes et pour minimiser le biais de sélection.
L’essai clinique aléatoire est donc une étude où les patients sélectionnés pour une intervention thérapeutique sont répartis de manière aléatoire (au hasard) en deux groupes : le premier groupe reçoit le traitement (groupe expérimental), tandis que le second reçoit en général un placebo (groupe témoin). Ce type d’étude permet de connaître l’effet d’une intervention sur un grand groupe de sujets.
En aveugle ou à double insu
L’étude peut être réalisée en aveugle ou à double insu de manière à réduire les biais éventuels associés à la réactivité des participants ou des observateurs (par exemple : désir de plaire, désir de trouver des résultats, etc.).
L’essai clinique aléatoire :
Consultez un article qui est un essai clinique aléatoire publié dans PUBMED, BMC Musculoskeletal Disorders en 2008 (.pdf, 285 Ko).
N.B. Le terme « revue systématique » a été traduit par Loiselle, Profetto-McGrath, Polit et Beck (2007) par « analyse intégrée ». Bien que le terme « revue systématique » soit fréquemment rencontré dans les écrits, il s’avère un anglicisme. Nous nous permettons d’utiliser ce terme dans notre atelier pour adopter un langage uniforme avec les écrits.
La revue systématique est une démarche critique rigoureuse de toutes les études effectuées sur un sujet donné, publiées ou non. La première étape consiste à chercher toutes les études qui ont répondu à une même question clinique.
Si on décide de faire une analyse statistique de ces données, on effectue une méta-analyse.
La revue systématique :
La revue systématique :
Les devis qui font la synthèse d’autres recherches sont toujours un bon endroit pour commencer votre quête d’information. Premièrement, ils vous évitent d’avoir à lire et à analyser plusieurs recherches originales entièrement. Deuxièmement, s’ils démontrent que plusieurs études ont trouvé des résultats similaires, il y a plus de chances que ces résultats soient généralisables à d’autres populations ou à d’autres contextes que les résultats d’une petite étude isolée.
Les études qui répondent aux questions sur l’efficacité des interventions sont organisées selon une hiérarchie qui est déterminée en fonction du niveau de preuves. Il faut en tenir compte quand on cherche la réponse à notre question. À ce sujet, les auteurs utilisent fréquemment la forme géométrique de la pyramide pour illustrer le niveau de preuve des études.
En connaissant la pyramide des types d’études, vous apprendrez à chercher en premier lieu l’information pertinente à votre question dans les articles qui présentent les meilleures preuves scientifiques pour déterminer l’efficacité des interventions.
info_outline Consignes :
Note : le sommet de la pyramide représente le type d’études le plus rigoureux. Donc, 1 est le plus rigoureux et 6 est le moins rigoureux.
info_outline Consigne : appuyez sur les boutons pour naviguer entre les cartes.
Les auteurs classifient les types de recherches qualitatives de diverses façons.
info_outline Consigne : glissez votre souris sur les images et voyez les types de recherches qualitatives les plus populaires.
RÉCAPTITULONS : La prochaine activité fait un retour sur ce que nous avons vu jusqu’à maintenant afin de faciliter la recherche des meilleures preuves pour répondre à votre question.
info_outline Consignes :
1. Quelle est la fréquence de la paralysie cérébrale au Canada?
2. Est-ce qu’un groupe d’initiation aux sports adaptés augmente la participation aux loisirs chez les adolescents atteints de paralysie cérébrale?
3. Si la réponse à la question précédente est oui, vous vous demanderez peut-être comment faire pour mettre en place un groupe d’initiation aux sports afin d’augmenter la participation aux loisirs chez les adolescents atteints de paralysie cérébrale. Quel type d’étude chercherez-vous alors?
4. Est-ce que l’utilisation du téléphone cellulaire augmente les risques de cancer au cerveau?
5. Quelle est la signification pour les femmes violentée de vivre dans un refuge?
6. Les adolescents atteints de paralysie cérébrale participent-ils à moins d’activités de loisirs que leurs pairs sans déficience?
7. Comment la participation à des loisirs évolue-t-elle à l’adolescence pour les personnes atteintes de paralysie cérébrale?
8. Quel est le niveau de stress vécu par les médecins résidents?
9. Quelles sont les sources du stress vécu par les médecins résidents?
Pour des questions relatives à l’efficacité des interventions, ces types d’études seront donc plus pertinents pour y répondre :
Pour des questions liées au contexte (exploration, description) ces types d’études seront plus pertinents pour y répondre :
Il est essentiel de connaître les principales bases de données et leur fonctionnement pour être en mesure de trouver la réponse à votre question clinique.
Pouvez-vous en nommer trois ou quatre qui sont destinées aux professionnels de la santé?
Est-ce que vous êtes à l’aise d’effectuer une recherche efficace dans les bases de données?
Si vous avez répondu par la négative aux questions précédentes, ne vous inquiétez pas! C’est souvent une étape qui semble à première vue plus difficile et qui fait peur à bon nombre de professionnels de la santé. Et nous allons tenter de la démystifier.
Il existe un nombre impressionnant de bases de données. Celles-ci consistent en un ensemble structuré d’informations conçues pour être consultées. On y retrouve des articles, des périodiques, des thèses... Chacune d’elle comprend son propre ensemble de mots clés.
Cliquez sur les cases et découvrez les bases de données suivantes afin de constater lesquelles conviennent à votre profession. Notez que les démarches de recherche pour PubMed, Cochrane Library, ainsi que Google Scholar seront présentées étape par étape plus tard dans cette unité.
Google, Yahoo, Bing, sont certainement des moteurs de recherche que vous utilisez déjà régulièrement pour trouver des réponses à diverses questions au quotidien. Sont-ils fiables pour trouver des réponses plus scientifiques?
En fait, ils sont utiles pour faire un premier débroussage!
Ils peuvent être utiles pour trouver des informations sur les associations nationales et les ressources disponibles pour la clientèle, comme les ressources de la Société Alzheimer du Canada ou celle de votre région, par exemple.
Lorsque vous avez consulté une base de données d’écrits scientifiques, avez-vous trouvé difficile de vous orienter dans cette base?
Quels sont les forces et les défis relevés lors de la navigation?
Nous vous suggérons ici de suivre une démarche de recherche « PAS À PAS » pour accéder à des articles scientifiques dans deux bases de données gratuites et un moteur de recherche.
Note importante : Il est fortement recommandé de télécharger les démarches « PAS À PAS » (.pdf, 3,6 Mo), puisque ce document contient les explications étape par étape de toutes les démarches proposées.
info_outline Consigne : cliquez sur les boutons à droite.
info_outline Consignes :
L’ergothérapeute qui offre des services en santé mentale à l’Hôpital veut trouver une activité qui aiderait les personnes âgées à réduire leur anxiété. Les méthodes traditionnelles de relaxation ne lui donnent pas les résultats qu’elle voudrait. Elle travaille auprès de personnes âgées qui ont vécu une ou plusieurs chutes ayant eu des retombées de légères (quelques petites blessures à la peau) à plus graves (fracture de la hanche). Elle remarque que non seulement leurs capacités fonctionnelles sont un peu réduites, mais aussi que leur niveau d’anxiété est un peu trop élevé. Quelques-unes de ses collègues de travail lui indiquent qu’elles font du Tai Chi et que leur niveau de relaxation est vraiment très bien à la fin de chaque pratique et de chaque cours. Le maître de Tai Chi offre les cours une fois aux deux semaines dans la salle de conférence de l’Hôpital. Les personnes âgées y trouvent toutes des bénéfices physiques, cognitifs et affectifs. Une collègue indique à l’ergothérapeute qu’elle a même déjà vu quelques articles qui décrivent des études sur les bénéfices du Tai Chi auprès des personnes âgées. L’ergothérapeute trouve l’idée excellente. Le maître de Tai Chi pourrait animer un groupe avec elle. Elle pourrait développer ses compétences dans le domaine. La nature du Tai Chi semble bien appropriée à sa clientèle. Elle décide donc d’aller explorer les faits scientifiques.
Découvrez les concepts clés qu’il est important de retenir pour l’étape 2 de la PFDP.
Consultez des liens utiles dans la section Ressources de la barre de navigation (coin supérieur droit) :
N’oubliez pas que le formateur peut répondre à vos questions à tout moment au cours de la formation
Vous pouvez lui écrire un courriel : bpinet@uottawa.ca
Cliquez sur l’étape 3 pour continuer votre exploration.
Intégrer la pratique factuelle en cinq étapes