Dans cette unité, vous serez exposé à des principes d’enseignement qui pourront être appliqués tout au long du stage. Vous découvrirez les particularités de l’andragogie et de l’apprentissage centré sur le stagiaire. Vous comprendrez comment l’engagement du stagiaire envers son stage et votre encadrement sont essentiels à son cheminement et au développement de son raisonnement clinique.
Lorsque vous supervisez un stagiaire, vous encadrez un apprenant adulte. Ce dernier vous arrive avec son propre bagage expérientiel, sa culture, ses croyances, ses valeurs, ses préoccupations, ses besoins, sa motivation, etc. Tous ces éléments influenceront sa manière d’apprendre et d’interagir avec vous. C’est l’une des raisons pour lesquelles la supervision s’avère parfois complexe et qu’elle diffère d’un stagiaire à l’autre.
Les principes qui sous-tendent la supervision seront décrits dans cette unité. Ces principes seront utiles pour vous guider tout au long du stage dans l’accompagnement individualisé de votre stagiaire, le développement de son raisonnement clinique et de sa réflexivité. Ceux-ci devraient être intégrés consciemment dans vos activités de supervision, notamment lorsque vous :
Les adultes apprennent différemment des enfants. C’est pourquoi l’approche utilisée pour enseigner aux adultes devrait être adaptée et orientée vers eux. C’est ce que l’on appelle l’andragogie.
Malcolm Knowles, un pionnier de l’éducation adaptée aux adultes, a élaboré six principes guidant leur apprentissage.
Ces principes ont permis de proposer une théorie andragogique selon laquelle l’adulte apprenant est le moteur essentiel de ses apprentissages.
Les principes andragogiques de Knowles sont très utiles en supervision.
En les intégrant, vous :
info_outline Consigne : cliquez sur les 3 symboles pour illustrer les descriptions et exemples des principes et leur application en supervision.
Téléchargez la version imprimable des principes andragogiques de Knowles et de l’activité (.pdf, 350 Ko).
info_outline Consignes :
Raisons pour apprendre | Participatif | Bagage d’expérience | Prêt à apprendre | Application immédiate | Motivation interne | ||
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1 |
Vous questionnez le stagiaire à propos de ses valeurs et vous faites un lien avec les habiletés qu’il devrait développer durant son stage. |
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Vous demandez à votre stagiaire de justifier le processus qui l’a mené à proposer une intervention au patient. |
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Vous tenez compte des connaissances du stagiaire dans le choix des situations cliniques et dans votre façon d’encadrer le stagiaire. |
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Vous expliquez au stagiaire que la politique de désinfection du matériel de votre établissement est la même que celle de ses prochains milieux de stage. |
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Vous utilisez les compétences déjà acquises du stagiaire. |
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Vous encouragez votre stagiaire à relever ses forces et ses défis afin qu’il puisse déterminer ses besoins d’apprentissage. |
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Vous impliquez le stagiaire dans la détermination et la rédaction des objectifs de stage. |
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Vous tenez compte de l’expérience personnelle du stagiaire et adaptez votre approche et votre accompagnement en fonction de celle-ci. |
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Un superviseur efficace est plus qu’un expert, un modèle, un bon communicateur et un motivateur. Il est soucieux de se centrer sur le stagiaire en lui donnant un rôle actif dans son apprentissage.
En andragogie, les approches en enseignement ont évolué dans les dernières années, passant d’un enseignement centré sur l’enseignant à un apprentissage centré sur l’apprenant.
Auparavant, bien que le superviseur enseignait à des adultes, il ne mettait pas en place les principes andragogiques. Le superviseur ou le milieu d'enseignement déterminait les objectifs. Le stagiaire était passif.
Graduellement, les pratiques ont changé. Le superviseur organisait les activités afin que le stagiaire apprenne un peu plus activement et atteigne les objectifs.
Maintenant, le superviseur est un facilitateur de l'apprentissage. Le stagiaire collabore avec le superviseur pour élaborer ses objectifs. Le stagiaire est beaucoup plus actif.
Voyons plus en détail comment un superviseur encadrerait un stagiaire selon ces deux approches.
Le superviseur enseigne à un stagiaire les habiletés à acquérir.
Le superviseur peut seulement faciliter l’apprentissage du stagiaire.
Le stagiaire gère ce qu’il désire apprendre.
Le superviseur est centré sur les compétences à développer plutôt que sur le climat d’apprentissage.
Le superviseur s’attarde à créer un climat favorable à l’apprentissage.
L’attention du superviseur porte sur ce qu’il fait.
L’attention du superviseur porte sur l’expérience du stagiaire.
Le superviseur enseigne les compétences qui doivent être maîtrisées dans le stage.
Le superviseur tient compte du fait que le stagiaire apprend mieux ce qu’il juge pertinent pour sa pratique.
Le superviseur ou l’établissement d’enseignement définit les objectifs d’apprentissage.
Le superviseur aide le stagiaire à déterminer ses besoins d’apprentissage.
Il l’oriente dans la formulation de ses objectifs personnels.
Le superviseur évalue le stagiaire et donne de la rétroaction (unidirectionnelle).
Le stagiaire peut faire une autoévaluation de ses habiletés.
Il favorise une rétroaction bidirectionnelle.
Le stagiaire est dans une position d’évaluation où il doit démontrer des forces et ses compétences.
Le stagiaire est dans une position d’apprentissage où il souhaite améliorer et développer ses compétences.
Il cherche à obtenir de la rétroaction sur son cheminement.
info_outline Consignes :
Transcription (.pdf, 140 Ko)
Laurence
Naomi
Votre justification :
Le superviseur de Laurence supervise selon un enseignement « centré sur l’apprentissage du stagiaire ». En effet, il effectue une rétroaction bidirectionnelle. Le superviseur aide Laurence à cibler ses objectifs d’apprentissage et les façons de les atteindre. Il facilite ainsi l’apprentissage du stagiaire. Il donne un rôle actif à Laurence dans son apprentissage.
Votre justification :
La superviseure de Naomi supervise selon un enseignement « centré sur l’enseignant ». En effet, elle définit les objectifs d’apprentissage de Naomi. Elle enseigne à Naomi les habiletés nécessaires pour atteindre les objectifs. La rétroaction offerte est unidirectionnelle. Naomi a un rôle plus passif dans son apprentissage.
Vous avez sans doute constaté que la supervision centrée sur l’apprentissage du stagiaire intègre les principes d’andragogie. Elle est donc beaucoup plus appropriée pour une clientèle adulte comme les stagiaires que vous encadrez. Elle soutient la position d’apprentissage chez l’apprenant.
Les concepts de position d’apprentissage (PA) et de position d’évaluation (PE) font référence aux pensées, émotions et attitudes que le stagiaire présente lorsqu’il interagit avec son superviseur. Celles-ci sont influencées par les besoins et la motivation du stagiaire.
info_outline Consignes :
Lorsque la stagiaire est dans une position d’apprentissage :
Lorsque la stagiaire est dans une position d’évaluation :
Lorsque la stagiaire est dans une position d’apprentissage :
Lorsque la stagiaire est dans une position d’évaluation :
Lorsque la stagiaire est dans une position d’apprentissage :
Lorsque la stagiaire est dans une position d’évaluation :
Vous constatez que l’apprentissage est plus grand et sain lorsque le stagiaire est en position d’apprentissage. Durant son stage, le stagiaire se situe habituellement sur un continuum entre la position d’évaluation et la position d’apprentissage.
En tant que superviseur, vous pouvez orienter votre stagiaire vers la position d’apprentissage.
info_outline Consignes :
Adaptation de Giroux et Girard (2009) et Gopee (2018).
La responsabilité de favoriser une position d’apprentissage est partagée entre le superviseur et le stagiaire.
Vous avez sans doute remarqué que les principes d’andragogie, l’apprentissage centré sur l’apprenant, de même que la position d’apprentissage chez le stagiaire favorisent la prise en charge et l’implication du stagiaire dans le développement de ses compétences.
Êtes-vous familier avec les termes « pyramide de l’apprentissage »? Cette théorie a été développée par Edgar Dale (1900-1988), un pionnier des technologies en enseignement, dans les années 1940.
Selon la pyramide de l’expérience d’Edgar Dale, les apprentissages peuvent se faire par :
Déjà à son époque, Dale suggérait l’utilisation de médias d’enseignement variés. Il privilégiait l’apprentissage concret par l’expérience pour ensuite remonter dans la pyramide avec un apprentissage de plus en plus abstrait.
Le stage se situe dans le bas de la pyramide. Il est essentiel à l’apprentissage du stagiaire. Il permet au stagiaire de voir, de sentir, de toucher et d’expérimenter les concepts qu’il a vus en classe. Le stagiaire peut ainsi mieux intégrer la théorie, la comprendre et s’en rappeler. Il fait des liens avec ses expériences antérieures, ses connaissances et les particularités du client avec lequel il intervient. Vous pouvez varier entre la supervision directe et indirecte afin de le laisser expérimenter. Votre supervision lui permettra ainsi de développer son raisonnement clinique.
Téléchargez la version imprimable de Bien raisonner : un savoir indispensable à développer en continu (.pdf, 214 Ko).
Le raisonnement clinique est au centre du développement des compétences du stagiaire. Le milieu clinique étant le milieu le plus favorable pour favoriser l’apprentissage du raisonnement clinique du stagiaire, le superviseur tient donc un rôle clé à ce niveau en offrant de la rétroaction qui permettra de stimuler son processus de pensée.
info_outline Consigne : tournez les cartes suivantes pour une explication de ces composantes du raisonnement clinique.
Le raisonnement clinique comprend :
Les connaissances : cette composante fait référence aux connaissances que le stagiaire a acquises au cours de son parcours académique, par son expérience et des informations recueillies auprès du patient lors de l’anamnèse et de la lecture au dossier. Elles sont essentielles pour stimuler le raisonnement clinique.
La cognition : cette composante fait référence aux liens que le stagiaire peut faire entre les divers éléments d’une histoire clinique en élaborant des hypothèses, en exprimant sa compréhension de la situation, etc. Elle permet de comprendre et d’expliquer une problématique.
La métacognition : la métacognition est un retour sur le processus de pensée. Elle fait référence à l'autoanalyse du fonctionnement intellectuel, des stratégies mises en place pour apprendre, mémoriser, effectuer de la résolution de problèmes complexes, planifier et exécuter des actions.
Le développement du raisonnement clinique (RC) de votre stagiaire doit se faire de façon continue tout au cours du stage.
Mais, comment développer le raisonnement clinique du stagiaire? Voici quelques stratégies :
info_outline Consigne : cliquez à tour de rôle sur chacun des cercles pour afficher les stratégies.
En posant des questions au stagiaire sur les trois composantes du RC avant, durant ou immédiatement après l’intervention (supervision directe et indirecte).
En servant de modèle durant l’intervention
Vous demandez alors au stagiaire de vous observer et d’écrire les questions qu’il se pose pour en discuter ensuite (supervision directe).
En explicitant votre raisonnement
Le stagiaire qui observe votre intervention ne peut pas comprendre votre raisonnement. Vous devez donc verbaliser votre processus de pensée pour que le stagiaire comprenne votre démarche cognitive et qu’il soit en mesure de vous poser des questions sur les éléments qui exigent des explications (supervision directe).
En demandant au stagiaire d’expliciter son raisonnement
Le raisonnement clinique ne s’observe pas. En tant que superviseur, plusieurs stratégies pédagogiques peuvent être utilisées pour aider le stagiaire à verbaliser son processus de pensée. Vous pouvez lui demander d’exprimer les justifications de ses choix d’intervention afin que vous soyez en mesure de noter les défis pouvant se présenter dans la prise en charge du patient (supervision directe et indirecte).
En demandant au stagiaire de présenter le cas clinique à d’autres collègues (en supervision indirecte).
En utilisant des méthodes qui permettent au stagiaire de structurer son raisonnement clinique et d’en faire une meilleure évaluation (supervision indirecte) :
Pouvez-vous écrire des questions que vous posez à vos stagiaires qui permettent de stimuler et d’évaluer son raisonnement clinique? Tentez ensuite de déterminer si ces questions se rapportent aux connaissances, à la cognition ou à la métacognition.
En découvrant les colonnes cachées du tableau qui suit, vous serez en mesure d’évaluer la qualité de vos réponses.
info_outline Consigne : cliquez sur les symboles pour afficher les questions réparties dans les 3 composantes du raisonnement clinique et le but de ces questions.
Connaissances
Quels éléments de la situation as-tu retenus? Lesquels sont pertinents selon toi?
S’assurer que le stagiaire :
Cognition
Quelles sont tes hypothèses ou quel est le problème?
Comment expliques-tu la situation?
As-tu déjà vu des cas semblables? Quelles étaient les similarités et les différences avec les cas vus antérieurement?
Pourquoi élimines-tu cette hypothèse?
Quels liens fais-tu entre les éléments de la situation?
S’assurer que le stagiaire puisse :
Métacognition
Qu’est-ce qui justifie ta décision?
Qu’est-ce que tu aurais pu changer pour améliorer ton intervention?
As-tu tenu compte de tous les éléments dans ton analyse?
S’assurer que le stagiaire puisse :
La rétroaction doit se faire en considérant les trois savoirs, mais également en considérant les trois composantes du raisonnement clinique.
Découvrez les concepts clés à retenir pour vous soutenir dans une supervision efficace et pour maximiser l’apprentissage du stagiaire.
Étant un apprenant adulte et unique, le stagiaire apprendra davantage si le superviseur :
Le raisonnement clinique est au centre du développement des compétences du stagiaire.
Pour bien intégrer les fonctions et les principes qui sous-tendent la supervision, il importe de connaître les rôles que vous pouvez adopter durant le stage.